J’ai atterris à Montréal, en août 2004. Pour moi, et comme de nombreux arrivants à leurs débuts, j’étais arrivé au Canada. Pour diverses raisons. Pour améliorer mon anglais. Pour avoir une expérience professionnelle en Amérique du Nord. Et pas pour longtemps, pour un an.
Nous voici en 2015. J’ai une blonde d’ici, deux enfants, une maison, une carrière au sein de l’un des fleurons de l’industrie manufacturière d’ici, Cascades. J’ai, auparavant, étudié ici, puis accompagné sept ans durant les entrepreneurs d’ici.
Ici. Ici pour le Québec.
J’ai réalisé durant toute ces années combien le Québec était différent, de par sa culture, de par sa langue évidemment, de par sa vision du monde… que de l’entièreté du reste du Canada. Si chaque province se distinguait autant que chaque pays d’Europe, je tiendrais un autre discours. Mais dans le cas du Québec, les forces ne sont pas équilibrées. Les cultures espagnoles, françaises, allemandes, italiennes et toutes les autres sont suffisamment fortes et pèsent le même poids relatif au sein d’une Europe regroupée. Mais les québécois sont bien peu au regard du Canada anglais, et même, au regard de l’Amérique du Nord. Je suis convaincu qu’il existe un risque que la culture québécoise puisse disparaître à long terme si on ne la protège pas.
Par ailleurs, même si les dernières élections fédérales me donnent tort (et c’est exceptionnel ces 30 dernières années, depuis la création du BLOQ), les québécois votent la plupart du temps différemment de leurs actuels compatriotes anglais. L’élection à répétition du gouvernement Harper, en place depuis mon arrivée au Québec en est un bel exemple, alors que le Québec n’élisait à chaque fois qu’une poignée de députés conservateurs. Il en résulte que le Québec est dépendant, depuis donc près de 30 ans, des politiques décidées à Ottawa et qu’il se retrouve même à être en désaccord sur de nombreux sujets ! L’immigration. L’environnement. Les relations étrangères. Pour ne citer que ceux-ci. Cette situation ne fait aucun sens pour moi.
C’est pourquoi je souhaite que le Québec, au regard de sa spécificité, puisse protéger sa destinée et en décider au complet, comme un Pays le fait.